Le 17 mars, 2020, je découvrais un nouveau terme, et les parents avaient dû discuter longtemps avec nous pour nous faire comprendre ce qu’allait être le confinement.

On avait beaucoup discuté aussi sur le COVID19, et j’entendais beaucoup de décès en France et des personnes qui commençaient à avoir peur dans la radio mais les parents essayaient de me rassurer. Toute la Terre était touchée. Cela avait démarré en Chine et se propageait partout.

Je remarquais que mes parents avaient fait des courses un peu plus conséquentes que d’habitude et on en parlait beaucoup. Mes parents me préparaient psychologiquement au fait que le lundi 23 mars votre oncle Lukas et moi votre papi on ne retournerait pas à l’école et qu’on devrait faire l’école à la maison . Les bateaux de croisières étaient refusés, les pays fermaient leur frontières. Les gens qui étaient partis en voyage galéraient pour rentrer.

C’était l’affolement dans les grandes surfaces. On parlait des fameux gestes barrière.

La journée, on voyait des drones, des hélicoptères qui survolaient les zones pour voir si les gens sortaient.

Il fallait avoir un document spécial si on sortait sinon la police verbalisait et il fallait être seul en voiture.

Ce 1er week end là je commençais à réaliser un peu car on ne sortait plus de la maison et on commençait à établir des règles différentes à la maison.

Votre arrière grand-mère prenait le temps de nous expliquer qu’il fallait apprendre à être encore plus à l’écoute des uns et des autres, d’essayer de respecter encore plus notre moment intime (pour les devoirs, qu’en on aurait besoin de se retrouver avec soi même dans un moment de silence)

Le 1er Dimanche, à mon réveil le quartier était très calme, pas d’enfant dans le chemin, pas de bruit de voiture.

Les parents ne partaient plus travailler et ma maman était en mode stress pour les leçons car on avait dit à la télé que les leçons allaient se faire via internet. C’était du jamais vu aussi bien pour eux, comme pour nous. Je me souviens ça bougeait beaucoup dans la maison afin de faire son coin à chacun pour les devoirs.

Heureusement qu’on avait deux ordinateurs et ça permettait à mon frère et moi d’avoir notre espace.

Les fins de journées, on pouvait profiter de la cour pour faire du vélo, mais les enfants qui étaient en appartement n’avaient pas cette chance là. Dans notre malheur, on pouvait s’estimer encore chanceux.

L’école à la maison, on essayait de s’adapter au nouveau rythme. Ma maman ne lâchait rien, elle était très dure et très exigeante.

ça  faisait vraiment bizarre. Il y avait beaucoup de leçon et j’essayais de m’adapter, mais c’était très dur au début.

En temps normal, on sortait, on allait à la plage, on voyait nos amis, la famille et mes grands-parents qui habitaient sur les Avirons, mais là plus tout ça. C’était vraiment un autre monde, autre chose. Imaginez-vous pour deux enfants comme nous, habitués à bouger, sortir ,devoir rester là uniquement au niveau de la maison et de la cour.

Je me souviens mes grands-parents avaient dû même installé sur leur GSM, Messenger pour nous appeler en video. Heureusement que mon grand père vieux gramoune là était connecté avec son temps et savait utiliser le GSM. Ses petits enfants, c’est à dire nous étions là pour lui montrer.

Mon Papa, nous apprenait à bricoler et c’était très chouette.

C’est en cette deuxième semaine de confinement que j’ai vraiment commencé à vraiment comprendre ce qu’était le confinement et réaliser vraiment qu’on était en train de traverser une période difficile

Papa avait repris le travail le lundi suivant et du coup maman lui avait confectionné un masque en tissu,car l’entreprise n’avait rien pour protéger leur travailleur et il fallait nous protéger, papa en plus faisait des livraisons sur toute l’île. Papa approvisionnait les éleveurs et les agriculteurs. Il nous racontait que quand il arrivait les gens étaient avec leur robinet d’eau pour laver les sacs.

On discutait beaucoup avec les parents et cette maladie nous faisait peur.

Pour mes parents aussi c’était leur premier confinement.

Quand on apprenait dans les livres l’histoire des guerres, des maladies comme la grippe espagnole, la rougeole, on ne comprenait pas bien, mais là on vivait le truc en direct et croyez-moi mes enfants c’était pas rigolo.

Mes grands parents nous manquaient beaucoup et ils nous disaient que pour la première fois on ne fêterait pas pâques ensemble.

Etant marmaille, on attendait toujours ce genre de fête, car on se retrouvait en famille, chez papi, mami, et on faisait des chasses aux œufs dans le jardin et papi jouait avec nous mais là rien !

Même la messe on la suivait à la télé.

Tout ce qu’on pouvait faire les après midis c’était de jardiner, faire des crêpes, regarder la télé, et jouer dans a cour.

Je me rappelle un matin, mon frère et moi nous avions remarqué que nos cheveux avaient beaucoup poussés, ça formait une grosse touffe sur la tête et on avait très chaud, alors devant nos cris de désespoir et d’enfants malheureux, maman avait décidé de se rendre en grande surface pour faire des petites courses et avait ramené une tondeuse à cheveux. On craignait le pire.

Je croulais sous les devoirs, c’était beaucoup plus dur qu’à l’école, beaucoup de choses à assimiler en même temps (leçon, exercices, correction de la veille) mais je me sentais bien à la maison.

J’avais beaucoup de leçons mais en même temps je suivais mon rythme et maman m’aidait beaucoup. Parfois ça criait un peu quand je me déconcentrait mais j’arrivais à suivre, et de toute façon on était obliger de s’adapter.

Finalement j’aimais beaucoup l’école à la maison

Le mercredi 01 AVRIL 2020 était a marquer d’une pierre blanche, maman avait décidé de nous laisser libre, histoire que tout le monde souffle un peu et l’après midi c’était coiffeur à domicile par les parents.

Quel amusement mais on s’en ait bien sorti mon frère et moi « OUF! »

J’avais l’impression de respirer à nouveau. Vous riez, mais c’était ça notre quotidien, nos journées en confinement étaient bercés entre devoirs, bricolage, télé, vélo avec mon frère.

Par moment j’avais envie de courir dehors dans la rue, aller à la plage. ça manquait, je réalisais chaque jour un peu plus ce qu’était le confinement.

Notre maison était devenue notre prison, mais quand j’entendais autant de décès dans le monde, je réalisais que c’était important de rester chez nous et de respecter ce choix.

Le seul réconfort qu’on avait et qui était important et que je remercierai jamais assez mes parents, c’était leur présence, et puis maman était avec nous tous les jours, et faisait en sorte de nous préparer des bons petits déjeuners, des bons petits plats, et nos fous rire cela faisait du bien.

Tout le monde avait été choqué je pense, parce que personne ne maîtrisait le virus, le chaos total. Par contre un élan de solidarité et de générosité, de bienveillance envers les uns et les autres étaient nés.